Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/294

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pour ne pas être mise en faillite : mais elle s’estimait quand même heureuse, car les plus intimes de ses souhaits étaient exaucés, ses penchants au cancanage enfin satisfaits dans ce magasin qui simulait une véritable agence de renseignements, une sorte de petite préfecture de police où, sur des sommiers judiciaires parlés étaient relatés, à défaut de condamnations et de crimes, les cocuages et les disputes, les emprunts rendus et les dettes inapaisées des ménages.

En tête des pauvresses qu’elle protégeait et recommandait à la charité des grandes dames, figurait Mme  Dauriatte, une femme de soixante huit ans, maigre et voûtée, avec des yeux confits, une bouche vide et rentrée, une mine papelarde. Elle tenait de l’ancienne poseuse de sangsues, mais plus encore de ces mendiantes qui sollicitent la charité sous le porche des églises, et elle les fréquentait, en effet, au mieux avec les prêtres de Saint-Sulpice, vivant d’une dévotion également répartie sur Mme  Champagne et sur la Vierge.

Ce jour-là, Mme  Dauriatte, assise sur une chaise dans la boutique de la papetière, se lamentait de ses jambes qui refusaient de la porter, de ses pied, envahis par un potager d’oignons, de ses large, pieds cultivés qui nécessitaient le constant usage de bottes munies de poches.

Mme  Champagne hochait le chef, en guise de