Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/298

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attachées avec des sangles ; ça sentait les bottes mal décrottées, le graillon et l’encre sèche ; à certains instants, un bruit de voix s’entendait derrière une porte à tambour vert, en face de la croisée.

— C’est là qu’est son bureau, dit confidentiellement Mme Champagne à sa protégée que cette intéressante révélation ne désoucia point.

Alors la papetière récola dans sa cervelle les pensées qu’elle délibérait d’émettre ; puis, pour tuer le temps, elle considéra les souliers du vieil employé, leurs tiges déchirées, leurs élastiques tortillés comme des vers, leurs talons gauchis ; elle commençait à s’endormir, quand le tambour vert s’écarta devant l’homme d’affaires qui reconduisit un client jusqu’au palier, avec force salutations, revint et, reconnaissant Mme Champagne, la pria d’entrer.

Les deux femmes, debout, dès qu’il avait paru, le suivirent, sur la pointe des pieds dans son cabinet ; courtoisement, il leur désigna des chaises, se renversa sur son fauteuil d’acajou, en hémicycle, et, jouant nonchalamment avec un énorme coupe-papier en forme de rame, il invita ses clientes à lui faire connaître l’objet de leur visite.

Sophie commença son histoire, mais Mme Champagne parlait en même temps, greffant de ses réflexions personnelles la narration déjà confuse des