Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/297

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s’arrêtèrent devant une porte décorée d’une plaque de cuivre dans laquelle était incrustée en rouge et noir cette inscription : « Ballot, receveur de rentes, tourner le bouton, s.v.p. » Madame Champagne haletait, couchée sur la rampe ; — c’est-il donc bête d’être grosse comme cela, soupira-telle ; puis, elle rejeta précipitamment des bouffées d’air, se moucha, et, la mine recueillie, de même que si elle fût entrée dans une chapelle, elle ouvrit la porte.

Elles pénétrèrent dans une salle à manger convertie en bureau, dont la fenêtre était obstruée par deux tables en bois peintes en noir, avec des gens courbés dessus, l’un vieux, le crâne garni de duvet de poule ; l’autre, jeune, rachitique et velu ; aucun de ces deux employés ne daigna tourner la tête.

— M. Ballot est-il visible ? demanda Madame Champagne.

— Sais pas, fit le vieillard, sans bouger.

— Il est occupé, jeta le jeune homme par-dessus son épaule.

— Alors, nous attendrons.

Et Madame Champagne s’empara des chaises qu’on ne lui offrait point. Elles s’assirent, sans parler ; Sophie restait, les yeux baissés, incapable de réunir deux idées, mal remise encore du coup asséné, le matin, par le notaire ; la papetière regardait la pièce, meublée de casiers gris, de cartons, de liasses