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Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/326

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pleurant les tempes de la jeune fille.

Celle-ci revint à elle et alors, pendant que les hommes emportaient les meubles, sous l'œil vigilant du notaire qui surveillait maintenant la descente, Madame Champagne comprenant que la partie était perdue, tenta de sauver la dernière carte.

— Monsieur, dit-elle, rejoignant Maître Le Ponsart sur le palier, un mot, s’il vous plaît.

— Soit.

— Monsieur, puisque vous êtes sans pitié pour Sophie qui s’est tuée à soigner votre petit-fils, dit-elle d’une voix suppliante et basse, laissez-moi au moins faire appel à votre esprit de justice. Si vous voulez, ainsi que vous le dites, considérer Sophie comme une bonne, pensez alors qu’elle na pas touché de gages tant qu’elle a été chez M. Jules, et payez-lui les mois qu’elle a passés chez lui, afin qu’elle puisse accoucher chez une sage-femme et mettre l’enfant en nourrice.

Le notaire eut un haut-le-corps ; puis un rire narquois lui rida la bouche.

— Madame, fit-il, avec un salut cérémonieux, je suis au désespoir de ne pouvoir accueillir la requête que vous m’adressez ; et cela, mon Dieu, par une raison bien simple : c’est que vous ne ferez croire à personne qu’une bonne soit restée dans une maison où son maître ne la payait pas. Mademoiselle a donc, selon moi, par ce fait seul qu’elle n’a pas quitté