Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/42

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brisé, secoué furieusement par les cymbales.

Enfin les musiciens s’arrêtèrent exténués ; les uns s’épongèrent le front et le cou, les autres vidèrent, en haletant, la salive perdue dans leurs trombones ; jaunes et tachées de plaques noires comme de grandes crêpes, les cymbales se reposèrent près de la mailloche sur le dos de la caisse.

— C’est vraiment pas trop tôt, les voilà ! dit Mme Haumont apercevant sa fille, qui se dirigeait vers elle, au bras d’un sergent d’état-major. Allons, Léonie, emmitoufle-toi bien, et elle lui jeta un manteau sur les épaules. Tiens, bois un peu ; et elle lui tendit un verre de vin tiède qu’elle avait commandé pendant la danse. Mais sa fille protestait, elle avait soif et désirait boire quelque chose de frais.

— Quand on est en nage, on boit chaud, dit sa mère, et elle essuyait le front de sa fille tout en lui portant le verre aux lèvres.

— Et toi, Jules, dit Mme Tampois, veux-tu boire ce bock ?

— Ma foi, ma tante, répondit le sergent, ce n’est pas de refus, car il fait fièrement chaud. Il claqua sa langue, entre ses lèvres. Vrai, ça fait du bien par où que ça passe, poursuivit-il, en s’essuyant les moustaches. Tiens, v’là Cabannes, hè, par ici, ma vieille, et comment que ça va ?

— Ça boulotte, articula d’une voix de nez,