Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/41

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— Elle a vraiment un laisser-aller dégoûtant quand elle danse ; dit Mme Tampois, en désignant Ninie qui, les poings en poissarde sur les hanches et oscillant maintenant du buste, roulait des yeux morts au plafond, et sortait et rentrait, avec célérité, de sa bouche, un bout pointu de langue.

— Et cette gamine, avec ses bas, voyez-la donc, répliqua Mme Haumont, en joignant les mains, à cet âge-là, croyez-vous ? Non, vraiment, il suffirait de deux monstres pareils pour empêcher les honnêtes gens d’amener leur fille au bal !

Les deux vieilles dames burent une gorgée de bière, puis elles rétablirent l’équilibre de manteaux et de chapeaux placés en tas, sur une chaise.

— Dites donc, il y en a un de monde !

— Oh ! ne m’en parlez pas..., on étouffe !

— Et les affaires, Madame Tampois, ça marche ?

— Bien doucement, Madame Haumont, vous savez dans la mercerie, l’on ne gagne pas des mille et des cents.

— Ah ça ! que diable devient Léonie, soupira Mme Haumont, vous ne l’apercevez pas ? Mais Mme Tampois lui faisait signe qu’elle ne l’entendait plus. Le quadrille touchait à sa fin, et comme pris de démence, les clarinettes ventaient à fracasser leur bois, les cuivres cinglaient la salle à toute volée de leur grêle de sons, tandis que la grosse caisse grondait dans un cliquetis de verre