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Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/47

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— Bah, fit Mme Tampois et elle contempla Thérésa avec respect. C’est ce qu’on peut appeler une figure distinguée, dit-elle, assez haut pour être entendue. Thérésa sourit et, encouragée, Mme Tampois se préparait à entrer de biais dans la conversation de Thérésa et de Léonie qui jacassaient à qui mieux mieux, quand son neveu le sergent attira son attention. Au-dessous d’elle, dans le bal, il l’interrogeait des yeux et simulait avec la main le geste d’un homme qui vide un verre.

— Non, non, fit la vieille dame ; tu te passeras bien de licher pour une fois ; a-t-on jamais vu !

Jules n’insista pas ; il tourna bride et rejoignit une bande de camarades qui, pendant les repos de l’orchestre, se promenaient dans l’enceinte réservée aux danses. Ils paradaient, les mains dans les poches qu’ils évasaient en se renversant, riaient aux éclats, arrêtaient les femmes, se livraient, avec les ouvrières des tabacs et les petites blanchisseuses, à des courses effrénées, se poursuivant de même que des moutards, jetant dans la poussière de leur galop de grands cris et s’allongeant pour s’amuser des claques. Éparpillés dans les régiments, les civils méprisés demeuraient calmes : à part quelques souteneurs échappés du Salon de Mars ou du bouge de l’Ardoise, quelques calicots, quelques ouvriers de précision habillés de complets comme eux mais reconnaissables à leurs ongles plus usés, à leurs