Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/83

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science, les anesthésiques vantés, les pâles morphines, les fidèles chloroformes, les pacifiants éthers ?

Mais le coiffeur halète, épuisé par ses efforts, souffle comme un bœuf, puis se rue de nouveau sur votre caboche qu’il ratisse maintenant avec un petit peigne et rabote sans trêve avec deux brosses.

Un soupir de détresse vous échappe, tandis que déposant ses étrilles, il secoue votre peignoir.

— Monsieur veut-il une friction ?

— Non.

— Un shampooing alors ?

— Non.

— Monsieur a tort, cela raffermit le cuir chevelu et détruit les pellicules.

D’une voix mourante, l’on finit par accepter le shampooing, las, vaincu, n’espérant plus s’échapper vivant de cet antre.

Alors une rosée coule, goutte à goutte, sur votre tignasse que l’homme, les manches retroussées, récure, puis bientôt cette rosée qui pue l’orangeade se change en mousse et, stupéfié, l’on s’aperçoit dans la glace, coiffé d’un plat d'œufs à la neige que de gros doigts crèvent.

Le moment est venu où le supplice va atteindre son acuité suprême.

Brutalement, votre tête voltige comme sur des raquettes entre les bras du pommadin qui rugit et