Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/101

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sespérée, ne sachant plus que devenir. Une seule pensée surnageait dans cette mer d’angoisses, celle de ne pas se montrer à son mari.

Elle eût préféré qu’il la tuât plutôt que de supporter la honte de sa vue, l’amertume de ses reproches. Elle n’eut qu’un but, fuir, et, précipitamment comme prise de délire, elle s’habilla, se sauva de cette maison ainsi que d’une ruine qui menace.

Elle marchait dans la rue, se répétant qu’après un pareil désastre elle ne pouvait plus implorer que son complice. Elle s’arrêta tout à coup, se souvenant qu’il habitait dans la maison de sa famille, qu’il ne pouvait recevoir de femmes, puis elle poursuivit sa course, se disant que dans une telle débâcle, les convenances importaient peu !

Il était encore couché lorsqu’elle frappa à sa porte. Elle haletait, étouffée par l’ascension des cinq étages ; il demeura stupéfié devant elle, puis il débarrassa un fauteuil des hardes qui le couvraient.

— Qu’est-ce qu’il y a, dit-il, d’une voix tremblante ? Alors elle perdit le peu de sang-froid qui lui restait. Elle se pendit à son cou et balbutia des mots entrecoupés de larmes : je n’ai plus que toi, sauve-moi dis, tu m’aimes bien n’est-ce pas ?

La contenance du jeune homme devenait de plus en plus soucieuse. Il bredouilla : « tu sais bien que je t’aime, » et, tout en boutonnant le col de sa chemise de nuit, il lui versa quelque bribes d’affections, puis il lui débita péniblement les histoires prévues : Elle n’y songeait pas ; elle se mettait hors