Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fleurs amarantes, flanqué à droite : d’une large bibliothèque où, rangée en bataille, une armée de bradels, jaune canari et sang de bœuf, pétardaient, éteignant avec leurs soleils d’artifice toutes les pièces tranquilles : les tristes et discrets La Vallière, les sévères Jansénistes, sans dentelles ni flaflas d’or, les cartonnages ordinaires bons enfants et un peu canailles, pincés dans leur blouse de toile bleue ou grise, les reliures de chagrin aux mines de bourgeoises et de cuistres ; à gauche : d’une autre bibliothèque plus petite, pleine, celle-là, de volumes brochés, et là encore, deux larges taches saillaient, deux files de volumes marchant en tumulte, battant la générale, les uniformes jaunes de l’éditeur Charpentier, les tuniques rouges de la légion étrangère d’Hachette.

André avait changé bien des fois déjà ses livres et ses tableaux de place. Après des tâtonnements et des essais, il avait enfin ordonné le tout de telle manière que les formes et les couleurs se répondissent, que les flammes de punch allumées aux biseaux des glaces, que les luisants postés sur les lignes d’or des cadres et dans le creux irisé des assiettes, aidassent à égayer la pièce qui demeurait encore sombre lorsque sortait entre des interstices de bibelots et de meubles, le ton grave et foncé des murs.

Quelques semaines passèrent. La tranquillité de cette nouvelle existence remit André sur pied. La convalescence s’achevait ; après les prostrations qui suivirent