Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/139

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fond de ces attentions qu’elle narrait, en les déplorant, avec trop de détails.

André haussait les épaules ; la vertu de Mélanie l’intéressait peu ; ce qu’il voulait surtout, c’est qu’elle n’ameutât point les curiosités de la rue sur elle.

Il était payé pour savoir à quoi s’en tenir sur les races jacassières des boutiquiers ! Les potins et les calomnies que Cyprien rapporta, le jour où il s’en fut surveiller le déménagement de son ami, avaient dépassé, comme étiage, toutes les crues des sottises connues.

Du charbonnier chez la fruitière, de la fruitière chez le boulanger, du boulanger chez le pharmacien, c’avait été un assaut de malpropretés et d’insultes. L’opinion de tous ces gens se rencontrait avec celle de M. Désableau. André entretenait une modiste, on la dépeignait même, tout le monde l’avait vue, une blonde fatiguée qui manquait de dents. C’était avec elle qu’il mangeait tout l’argent de son ménage : il laissait sa femme se morfondre dans un coin, une pauvre petite femme qui avait l’air si honnête et si doux ! – Je te l’aurais fait marcher, moi, à la place de sa bourgeoise, disait l’une. – Eh, vous ne l’auriez pas fait marcher plus qu’une autre, ripostait une voisine que son mari rouait de coups et, la marchande, tout en abusant de leur dispute pour les mal servir, les mettait d’accord en affirmant que tous les hommes étaient bons à jeter dans le même sac ! – Et, c’étaient, chaque jour, de nouvelles découvertes saugrenues, dès rapports lointains, qu’on aper-