Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/19

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à vif quand elle vous lâche et de s’embêter plus formidablement encore quand une nouvelle vous la remplace ? Oh non, par exemple ! Bêtise pour bêtise, le mariage vaut mieux. Ça vous affadit les convoitises et émousse les sens ? Eh bien, quand ça n’aurait que cet avantage-là ! Et puis, mon cher, c’est une caisse d’épargnes où l’on se place les soins pour ses vieux jours ! C’est le droit de soulager ses rancunes sur le dos d’un autre, de se faire plaindre au besoin et aimer parfois !

Ah ! s’il existait un émétique qui vous fasse rendre toutes les vieilles tendresses qu’on a là-dedans ! Certes, ce serait le rêve, mais comme c’est impossible, le plus sage est encore de risquer la chance, de tenter d’être heureux avec une femme qu’on suppose avoir été bien élevée et qu’on croit honnête. – Mais diable, je commence à lâcher des tirades comme toi, et avec toutes ces discussions, il est une heure moins vingt, je vais te souhaiter le bonsoir et rentrer chez moi.

Cyprien ne paraissait guère disposé à gagner son lit.

— Tu as bien le temps, disait-il, les autres fois lorsque tu vas en soirée et que ta femme n’étant pas grippée t’accompagne, tu ne reviens jamais de chez les Désableau avant trois heures. Hein ? avoue que tu as eu une fière chance de m’avoir rencontré, dans cette salle de chauffe, je t’ai obligé à prendre l’a fuite. C’est trois heures que je t’ai données, rends-moi l’une des trois et viens faire un tour.

— Oh ! dit André, je t’en donnerais bien huit ou dix, si je n’étais pas aussi fatigué. Je devais aller, pour