Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/222

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vait retourner chez elle, et, après avoir embrassé Jeanne du bout des lèvres, elle salua André et disparut.

Ils étaient maintenant seuls ! Alors, tous deux se jetèrent un coup d’œil et André serra plus fort le bras qui pendait au sien.

— Mon petit chien, fit-il, très bas, je t’appelle comme autrefois, hein ? Je suis joliment content de te revoir.

Il s’arrêta, pensant qu’il retombait dans les redites du restaurant, mais Jeanne rompit les lieux communs, en riant comme une folle.

— Tiens, dit-elle, j’ai oublié ton livre.

Il eut un geste qui signifiait le peu d’importance qu’il attachait à ce livre.

Elle reprit : oh ! je l’ai chez moi ! Je te l’apporterai, la première fois… si je te revois, ajouta-t-elle en hésitant.

— Comment si tu me revois ?

Ils abordaient enfin le but autour duquel ils gravitaient depuis des heures. – Alors Jeanne, harcelée de questions par André, raconta qu’elle était heureuse, qu’elle ne manquait de rien, que, du reste, elle avait toujours travaillé depuis leur rupture.

— Mais tu as un amant ? dit André, un peu anxieux.

Elle avoua posséder un amant, mais il n’était pas à Paris, il faisait son volontariat dans une ville de l’Est. – Tu sais, il m’envoie tout de même mon argent, dit-elle.