Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/245

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Ils fermèrent les yeux, très tard, au petit jour ; ils dormirent mal, du reste, d’un sommeil impatient et fiévreux.

À neuf heures, Jeanne réveillée, fut prise d’alarme. La terrible Mélanie, qu’elle avait presqu’oubliée, lui revint en mémoire et la glaça. À tout prix, elle ne voulut pas être vue couchée et elle sauta du lit.

— Mais il n’est pas tard, fit André ; c’est aujourd’hui dimanche, tu ne vas pas à ton atelier.

Elle se refusa à rien entendre. – Un cliquetis de clefs accompagné d’un bruit de pas entrant dans le logis l’effara complètement ; elle eût voulut pouvoir se couler sous un meuble, se cacher derrière un fauteuil, disparaître, coûte que coûte.

Tout en la traitant doucement de poltronne, André se répéta que c’était le moment d’être énergique et de dompter Mélanie, si elle faisait mine de hausser la voix.

Jeanne n’osait plus maintenant entrer dans le cabinet de toilette ; elle avait peur que la bonne n’ouvrît la porte de communication ; les savates qu’elle entendait traîner dans la cuisine lui donnaient des vertiges et des battements de cœur ; elle regrettait presque d’être debout, pensant que si elle était restée couchée, elle se serait enfoncé le nez dans les oreillers aux approches de la bonne.

Comprenant qu’il fallait pourtant bien se débarbouiller dans l’autre pièce, elle se hasarda sur la pointe des pieds, cacha sa gorge sous un foulard, se nettoya à la volée, revint au plus vite, apportant