Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/250

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Son supplice touchait à sa fin ; le dessert une fois apprêté, elle grignota un massepain et André qui était tout peiné de la voir si mal à l’aise, lui proposa, pour la soustraire à la solennité de la salle à manger, de prendre, ainsi qu’autrefois, le café, au coin du feu, dans sa chambre.

Elle accepta avec un regard reconnaissant et, une fois assise, réconfortée par un doigt de chartreuse verte, elle babilla, disant que Mélanie était une brave personne, qu’elle avait été bien complaisante et bien polie, et, tandis qu’elle débitait sur son compte des phrases aimables, l’autre, dans la cuisine, oubliait ses paniques, pensait que cette petite était trop modeste pour la commander. – Elle est comme il faut, pas effrontée et pas roublarde et elle eut un soupir de soulagement, songeant que c’était une véritable chance de n’être pas tombée sur une gaillarde impérieuse et hardie qui les aurait fait valser tous les deux comme des totons.

André pria Jeanne de rester à dîner, mais elle refusa formellement, ne voulant pas ajouter encore un surcroît à la besogne de la bonne, se rendant compte avec son instinct de femme, que l’effet produit par sa figure et ses manières n’avait pas été mauvais, tenant à ne pas paraître vouloir s’imposer dans le ménage, voulant enfin que Mélanie gardât d’elle la bonne opinion qu’elle avait conçue.