Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/252

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sa vieille haine s’accroître contre l’homme qui l’empêchait de battre ses tapis et de secouer ses torchons, après dix heures. – Ah bien, faudrait plus que ça, qu’un pipelet fit la loi à Monsieur ! dit-elle ; – et, elle s’engagea sans qu’il lui fût rien proposé, à protéger la petite, à être muette si quelqu’un tentait de lui arracher les vers du nez ; elle s’offrit enfin à rembarrer les locataires et le portier au premier mot.

André calma ce beau zèle appréhendant d’irréparables bévues.

En attendant, une touchante amitié se liait entre les deux femmes. Jeanne, le second jour où elle coucha chez André, fut surprise, au lit, tandis qu’elle se réveillait, par Mélanie qui entrait, discrètement, sur la pointe de ses longs pieds. Elle se saluèrent et se sourire gracieusement :

— Bonjour, Madame, vous allez bien ?

— Mais je vous remercie.

— Je ne savais quoi acheter ce matin, pour manger. J’ai commandé au charcutier des côtelettes à la sauce. Madame les aime-t-elle ?

— Mais certainement, Madame, j’aime bien toutes les sauces où il y a du vinaigre et des cornichons. – Et, reconnaissante de la chaufferette apportée, la dernière fois, Jeanne demanda des nouvelles du sergent de ville.

Mélanie, très flattée, devint prolixe. Elle s’étendit, à perte de vue, sur les rhumatismes de son mari, paria de son futur avancement, des enfants qu’ils avaient désiré