Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/263

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se joignaient maintenant l’inanité de nouvelles recherches, la fatigue de nouveaux efforts.

— C’est drôle, reprit Jeanne, qui devant la mine assombrie d’André, changea de conversation ; dans le temps tu avais des masses d’amis qui venaient te voir et Mélanie m’a assuré que tu ne fréquentais aujourd’hui personne. Est-ce que tu es fâché avec un petit, tu sais bien, ah ! je ne me rappelle plus son nom, un petit qui portait toujours un binocle et des cravates La Vallière, à pois.

— Ah ! Eugène ; – non, il s’est marié et, dame, le mariage, ça rompt bien des relations.

— Oui ; et toi ? tu n’as jamais eu envie de te marier ?

— Non.

— C’est drôle, quand on aime tant son intérieur, qu’on ne finisse pas comme les autres par là !

André, qui était devenu très inquiet, respira ; Jeanne ignorait certainement qu’il fût marié ; Mélanie avait gardé le silence, tenant compte par extraordinaire des ordres qu’elle avait reçus.

— Alors tu ne me croyais plus garçon, dit-il à Jeanne ?

— Non, je me figurais plutôt que tu étais mort.

— Il ne répondit point, songeant que lui aussi avait cru au décès de Jeanne.

— Mais voyons, reprit-elle, cherchant dans sa tête, tu avais autrefois pour un ami un grand maigre avec de la barbe.

— Cyprien ?