Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/265

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éparpillés en pluie fine et blonde sur la peau du front : elle avait une bonne flanquette plus drôle, une tournure plus provoquante, et surtout une douceur de caractère, une crainte de gêner, une discrétion savoureuses pour un homme qui avait supporté le rêche despotisme d’une épouse, jugeant tout, tranchant tout, imposant ses idées, ses préférences, une bourgeoise convaincue qui, le jour où elle prit possession de son logement de mariée, lâcha cette déclaration qu’André avait encore sur le cœur : il faudra enlever ces gravures-là, on ne met pas de gravures dans un salon. – Et il avait dû accepter les turpitudes choisies par elle et reléguer dans le vestibule ses belles estampes.

Ces souvenirs lui firent lever le nez sur ces mêmes gravures qui tapissaient maintenant les murailles de son petit salon.

— Vilain maniaque, va, dit Jeanne qui épiait ses mouvements des yeux, te voilà encore à regarder tes vieux bibelots. Tiens, ce cadre-là est de travers, poursuivit-elle, en riant, connaissant l’habitude d’André de redresser les tableaux que Mélanie dérangeait sans cesse, ayant, comme personne, le sens de l’endroit dans l’œil.

Il se leva, remit le cadre en place, heureux d’amuser Jeanne, puis il se rassit et se replongea dans ses méditations.

Il se répéta, une fois de plus, que joyeuse et câline, elle était encore obligeante et charitable, car il en avait eu des preuves, un soir, que malade, battu par la