Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/284

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ses cahiers de classe l’avait poursuivi pendant toute sa vie ! Après l’avoir autrefois coté aux yeux des pions, elle le cotait maintenant aux yeux du monde. Il avait été sans interruption passable, – passable dans ses devoirs, passable dans ses répétitions, passable dans ses livres. – Et, ce n’était pas tout, dans son existence privée, dans son ménage, auprès de sa femme, auprès de Jeanne, il s’était montré comme ni un amoureux ni glacé, ni chaud, ni vaillant, ni lâche. Non, il avait été Monsieur tout-le-monde, une personnalité insignifiante, un de ces pauvres gens qui n’ont même point cette consolation de pouvoir se plaindre d’une injustice dans leur destinée, puisqu’une injustice suppose au moins un mérite méconnu, une force.

Ainsi qu’un homme qui se réveille, il jeta les yeux autour de lui et la marche de ses pensées s’arrêta, puis elles ébranlèrent à nouveau et la marée de ses embêtements s’accrut. Il aurait beau dire, il avait eu tout de même de la déveine, car enfin il travaillait avant son mariage, il donnait des promesses de talent pour quelques-uns. L’impuissance ne lui était radicalement venue qu’après sa rupture avec Berthe ! C’était elle qui lui avait pour toujours effondré ses énergies et ses espoirs. La mesure était comble, maintenant, Jeanne était partie ! Et, mentalement, il aperçut un concubinage disparaissant dans le lointain, bras dessus, bras dessous, se chauffant au soleil, uni contre les misères du sort, contre les maladies de l’âge. Ce collage qu’il avait péremptoire-