Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/297

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reau. – Allons, meilleure santé, et il serra la main de Cyprien. – Il ne partit pas, cependant, devenu très indécis, se demandant s’il devait rappeler au peintre l’intervention réclamée entre André et Berthe, mais il jugea plus digne de reparler du tableau à rentoiler, laissant entendre obscurément qu’il paierait au besoin les frais. – Allons, une dernière fois, adieu, et bonne santé ; et il ajouta en serrant encore la main du peintre, pensant faire ainsi une discrète allusion à tous les motifs de sa visite : Je puis, n’est-ce pas dire à ma femme qu’elle compte sur vous ?

Cyprien remua vaguement la tête et précédé par Mélie et par le chat, Désableau quitta, sur un dernier regard, la place et aussitôt qu’il fut arrivé dans la rue, il ricana, pensant que tout de même un honnête homme serait bien malheureux s’il lui fallait vivre de la sorte avec une fille. – Le restant de tout le monde, une créature, une boue, et un égoutier et un bohème de Cyprien, mâcha-t-il ; oui, qui se ressemble s’assemble, il est bien assorti avec André. – C’est égal, il faut avouer que c’est une pénible tâche que d’aller réclamer l’appui de gens pareils, et c’est qu’il faut user de diplomatie avec eux, mettre des mitaines, des gants ! – Ah ! ce pauvre Vigeois, en nous léguant sa fille, peut se vanter qu’il nous en aura infligé de dures épreuves !

Et il marcha, plus furieux, déblatérant contre les ménages interlopes. – Oblitération du sens moral, voilà la seule explication qu’on puisse donner de ces existences anormales, pensa-t-il, et soulagé par ces réflexions,