Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/298

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il entra dans son bureau et secoua furieusement deux employés célibataires qui arrivaient en retard, déclarant qu’ils ne pouvaient invoquer comme excuses des devoirs de famille, puisqu’ils étaient garçons l’un et l’autre, et que l’administration n’avait pas à accepter pour des motifs, qu’elle ne pourrait sans doute pas décemment connaître, des retards préjudiciables à ses intérêts.

Et tandis que les employés supportaient patiemment le galop de leur chef, Cyprien, ne doutant point de la déplorable impression que Mélie avait laissée à Désableau, se prit à rire dans sa barbe, caressant le chat pelotonné sur le lit, en boule.

— Alexandre, dit Barre de Rouille, fit-il, le monsieur à favoris que tu viens de voir est un homme grave, un homme relié. Marié, père d’une fille et récemment promu au grade disputé de sous-chef, il apparait comme un homme considérable aux yeux des petits commerçants et des rentiers. Eh bien, ce fonctionnaire a dû emporter de toi une bien triste opinion, car tu t’es malhonnêtement conduit ; tu es entré dans son chapeau et tu as couvert sa jambe gauche de poils ; il ne faut pas cependant que cela te chagrine, mon pauvre mimi, car vois-tu, M. Désableau a très certainement une aussi mauvaise opinion de ton père, Cyprien, qui te tient présentement les pattes, pour que tu ne te sauves pas.

— Oui, ce monsieur nous méprise, moi, et cette brave Mélie. Pourquoi ? Ah dame, ça, c’est moins facile à t’expliquer, car ta maman Mélie, prise de pitié,