Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/31

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côtés, un boueux, la pipe au bec et la goutte au nez, ratissait un monceau d’ordures ; un ouvrier passa, le paletot jeté sur la blouse, l’épaule gauche plus haute que l’épaule droite, par suite de l’habitude qu’ont la plupart des gens du peuple de porter toujours leurs outils et leur pain sous le même bras ; une voiture de laitier, lancée à fond de train, feu sur les pavés. André se servit de sa malle comme d’un siège, regarda si par hasard un fiacre ne viendrait point, réfléchit qu’à Paris il est presque impossible, lorsqu’on n’habite pas près d’une gare, de trouver une voiture à cinq heures et demie du matin, et, se décidant enfin à se lever, se roidisant contre la fatigue, il emballa d’un coup la trotte, monta chez Cyprien, frappa, refrappa, jusqu’à ce qu’un clappement de savates devint distinct.

Cyprien entrebâilla la porte, demeura stupéfait, bredouilla quelques mots, courut se remettre sous les couvertures, et, là, se frottant les yeux, il balbutia :

— Ah ça, comment, c’est toi ?

André tomba dans un fauteuil.

— Peux-tu me donner asile, pendant quelques jours, jusqu’à ce que j’aie arrêté une chambre, dit-il ?

L’autre fit signe que oui, et, se frottant les cheveux, complètement ahuri, il s’écria :

— Mais qu’est-ce qu’il y a, bon dieu !

Alors André se leva.

— Il y a, que j’ai surpris un homme chez ma femme, cette nuit, comprends-tu ?

Cyprien eut un sursaut, laissa tomber ses bras et