Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/32

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assis comme il était sur son séant, il se tourna tout d’une pièce, du côté d’André.

— Pas possible, dit-il !

Mais son ami le regardait, en hochant la tête. Ils se dévisagèrent sans souffler mot.

— Tu as tué le Monsieur ? demanda enfin Cyprien.

— Non.

— Tu as bien fait, – ta femme non plus, j’espère ?

— Pas davantage.

— Allons, tant mieux. C’est un ami le Monsieur que tu as surpris ?

— Non, c’est un Monsieur que je ne connais pas.

— C’est moins ennuyeux, murmura Cyprien.

Ils se turent.

André qui était, comme bien des gens nerveux, sujet pour la moindre contrariété à d’horribles douleurs d’entrailles, quitta la chambre.

Elle est bien bonne ! se dit Cyprien et il sourit un peu, pensa que cette aventure ne contrariait en aucune façon sa manière de voir, puis il s’indigna tout de même, trouva bête qu’un homme fort se fût ainsi fait duper par une femme qu’il considérait comme une pimbêche et comme une niaise.

Quand son ami revint, le visage décomposé et la main au ventre, il sauta du lit, lui offrit un verre de rhum, et l’écouta raconter, point par point, la scène.

— Mon pauvre vieux, s’écria-t-il, ça ne nous change guère ! Après les maîtresses qui nous turlupinaient, c’est maintenant les légitimes ! – Ah ! je sais bien, c’est plus embêtant – mais quoi ? – ça ne prouve