Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/338

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qui s’éveillent chez l’homme, dans la solitude, sans cause bien définie, souvent.

Un coup de sonnette retentit.

— Qui diable peut venir ? se dit-il, en allant ouvrir avec empressement.

Un monsieur demandait une dame.

— Ce n’est pas ici, répondit André qui referma brusquement la porte.

C’est étonnant, il vient toujours une personne qui se trompe sonner chez vous, quand, s’affligeant, l’on serait si heureux de voir arriver un ami, murmura-t-il, en allumant sa lampe que Mélanie avait posée, toute montée, sur le bureau, avant dé partir.

Il alla s’asseoir, dans le fauteuil, en face de la croisée, et il regarda la pièce où les rayons épars de la lampe perdaient, en se fondant dans la sombreur des coins, l’orange de leurs lueurs, puis il contempla, bâillant et s’étirant les bras, la fenêtre demeurée dans l’ombre qui coupait dans la nuit tombante un grand carré pâle et au travers des fleurs blanches des petits rideaux, le ciel tamisé par la mousseline lui apparut, violâtre, immobile, battu derrière la vitre par la corde du store qui oscillait au vent comme un pendule.

Mais ses yeux ne virent bientôt plus rien. Quelques ennuis d’argent dernièrement ressentis lui revinrent en mémoire et l’amenèrent à penser combien la vie serait clémente s’il devenait subitement riche. Alors, il se lança sur cette piste, dévalant au grand trot dans le rêve. Il bâtissait des châteaux en