Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/343

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se rétrécissaient sur chaque chose, avec l’âge.

— C’est égal, c’est un brave cœur, dit-elle. Quand on est seule, écartée par tout le monde, quand toutes vos anciennes amies vous tournent le dos, c’est bon de trouver des parents qui vous accueillent, à bras ouverts, et qui vous aiment.

André hocha la tête.

— N’empêche, fit-il, que malgré tout son bon cœur, ton oncle m’a, et sans aucun motif, toujours exécré.

— Tu as tort de croire cela, répondit-elle, vivement. C’était ton métier qu’il exécrait, mais toi, tu étais en dehors. Et elle se tut, songeant tout de même à la haine de Désableau pour ce qu’il appelait : la bohème des lettres, – se rappelant ses fureurs contre un employé de son bureau qui s’occupait de journalisme et qu’il aurait fait renvoyer, sous prétexte d’inexactitude, sans ses supplications à elle, qui le défendait, bien qu’elle ne l’eût jamais vu, croyant vaguement qu’elle réparait un peu, ainsi, ses torts envers André, s’intéressant à cet employé par ce seul motif qu’il se mêlait comme son mari d’écrire.

— Enfin, dit André, pour ce qui regarde la maison de Viroflay, je n’en ai refusé l’achat que dans ton intérêt. D’ailleurs, je tiens si peu à te faire de la peine et à désobliger ton oncle que, si tu le désires, je vais te signer les pièces nécessaires tout de suite.

Elle remercia avec un accent attendri qui le remua. L’émotion qui s’était comme relâchée, tandis que sa rancune contre les Désableau se ranimait, le reconquit et il se promena pour cacher son trouble. Il