Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/350

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brave. Il était enfin chez lui, dans son logement de garçon et non plus chez eux, dans son ménage, et des fumées de jeunesse lui remontèrent, des souvenirs des paillardises des anciens tête-à-tête qui lui attisèrent encore les sens. Il ne vit plus bien clair, il alla simplement, sans raisonner, vers Berthe comme vers une femme attirante, comme vers une bonne fortune tombée, après une longue abstinence, par hasard, chez lui.

Il était d’ailleurs dans un terrible état d’énervement. Les secousses de la soirée l’avaient brisé ; il éprouvait une fatigue énorme, une courbature générale et sa cervelle lui semblait flotter dans le vide. Loin de le soulager, les larmes d’abord retenues puis rapidement taries avaient encore augmenté cet indicible malaise qui devait forcément aboutir à la détente charnelle.

Il s’étira les doigts qui craquèrent, pris d’évanouissement, ayant la subite récurrence, sous la chemise de sa femme, d’une mignonne tache fauve, arrondie comme une pastille entre les deux seins.

Enervée elle aussi, et en dépit de la froideur de ses sens encore accentuée par l’habitude depuis longtemps acceptée des jeûnes, elle eut un brusque réveil et elle se tendit, les joues en feu et les yeux noyés, laissant choir la serviette avec laquelle elle s’essuyait les doigts, dans la cuvette à moitié pleine. Elle sourit à son mari dans la glace et courbée en deux, les reins un peu haut, le dos remué jusqu’à la nuque, elle tordit le linge.