Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/359

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çue va te faire fiche ! Vois-tu, j’ai bien peur que nous n’ayons joué, en art, le rôle que jouent en amour ces pauvres diables qui, après avoir longtemps désiré une femme, ne peuvent plus lorsqu’ils la tiennent.

— Les gens qui ratent le Coche, fit Cyprien. Tiens, à propos, et la maison que tu devais acheter à Viroflay ?

— Elle a été vendue, pendant que je discutais sur le prix d’achat, avec ma femme.

— Ah bien, ça n’a pas dû réjouir ce bon Désableau, reprit en riant le peintre. Est-ce que tu le vois toujours ?

— Encore.

Ils restèrent sans parler, et les mains derrière le dos, ils arpentèrent le trottoir, de long en large.

— Alors, tu es heureux, dit Cyprien.

— Oui, et toi ?

— Moi aussi.

— Allons, tant mieux.

Cyprien se tut, puis, après un silence, il reprit :

C’est égal, dis donc, c’est cela qui dégote toutes les morales connues. Bien qu’elles bifurquent, les deux routes conduisent au même rond-point. Au fond, le concubinage et le mariage se valent puisqu’ils nous ont, l’un et l’autre, débarrassés des préoccupations artistiques et des tristesses charnelles. Plus de talent et de la santé, quel rêve !

André hocha la tête en se mouchant.

— Bigre ! dit-il soudain, comptant sur ses doigts les