Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/358

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tenant que sa situation est nette, peut-être bien que Berthe ne serait pas fâchée de rentrer victorieuse dans ce monde qui l’a tenue à l’écart pendant des mois, songea-t-il.

— Dis donc, reprit Cyprien qui, devant la mine absorbée de son camarade, jugea, d’instinct, qu’il serait bon de ne pas continuer ses théories sur la campagne, dis donc, qu’est devenue ton ancienne bonne ?

— Qui ça, Mélanie ?

— Oui.

— Je ne sais pas. Depuis le jour où Berthe revenant chez moi l’a congédiée, je n’ai plus eu de ses nouvelle. Je suppose qu’elle a suivi sa vocation, et qu’elle a recommencé à pirater dans un nouveau ménage. Ah ça bien, et toi, que fais-tu ?

— Moi, rien. Je vivote entre Mélie et Barre-de-Rouille ; je travaille aussi pour des. entrepreneurs de papiers peints. Je fais, entre autres besognes, des Écossais, tu sais, ces papiers qui ont des raies alternées et croisées, rouges et vertes, comme des culottes d’highlanders ou certains châles. Ce n’est pas trop mal payé et l’ouvrage abonde.

— Alors les tableaux ?

Le peintre se frotta la barbe de ses longs doigts. Les tableaux, peuh, dit-il, c’est quelquefois bon de songer à ceux qu’on ne fera jamais, au lit, le soir, quand on ne dort pas !

— Oui, répondit, après une pause, André en soupirant : quand il s’agit d’exécuter l’œuvre qu’on a con-