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camaïeu lilas et bistre, complétaient la décoration de cette chambre.

Ainsi que dans la plupart des salles à manger bourgeoises, les damas pisseux et flétris, autrefois employés comme rideaux dans le salon, servaient maintenant que ce lieu d’apparat avait été rajeuni et remis à neuf, à embellir la salle de passage, celle où l’on mange. Cette chambre ne possédant qu’une seule croisée, l’étoffe qui habillait jadis la deuxième fenêtre du salon, avait été accrochée, en guise de tenture, au dessus de la porte, reliant ces deux pièces.

Sur les rayons du buffet, une théière en métal anglais, un service de Minton, une cave à liqueur en bois des îles, d’eux vases de Gien ornés de cornes d’abondance et surmontés d’un paquet de roseaux secs, restaient, là, à demeure ; sur le marbre du poêle une tasse pleine d’eau, une lampe en porcelaine, couleur de morve, coiffée en haut de son verre, d’un fez minuscule à gland bleu, s’adossaient contre le tuyau cerclé de bracelets de cuivre, couronné à son sommet d’une sorte de diadème en faïence blanche.

Pour réaliser des économies, la famille Désableau allumait le poêle une heure avant le dîner et passait toute la soirée dans la même pièce.

La bonne avait balayé les miettes du repas, lancé un coup de torchon sur la toile cirée de la table, lorsque madame Désableau apporta son panier à ouvrage. Elle en tira une boîte à aiguilles formée par un haricot d’ivoire, un tronçon de bougie de cire pour son fil,