Page:Huysmans - En rade.djvu/116

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lation à constater qu’ils ne sauraient tomber plus loin, Jacques recula et s’apaisa, en s’affirmant à lui-même l’outrance de ses craintes. Tout s’arrange ; cet axiome cher aux pauvres diables qui finissent quand même par manger et par vivre, alors que, raisonnablement, ils ne peuvent plus rien attendre, il se le répéta, tablant sur l’inconnu, comptant sur l’avenir, se confiant à la providence ou au hasard.

Après tout, se dit-il, mes affaires peuvent se débrouiller, sans que j’aie recours à des chimères ! — En rentrant à Paris, je récupérerai peut-être quelques sommes et m’installerai dans un quartier tranquille.

Il se lança sur cette piste : — Je pourrai vendre la majeure partie de mon mobilier et de mes livres, — il les passa en revue, sacrifiant d’abord les objets auxquels il tenait le moins, puis hésitant, pendant quelques secondes, sur quelques-uns d’entre eux. — Baste ! conclut-il, il est indispensable de se désencombrer et de garder juste ce qu’il faut pour meubler deux chambres !

Et ce n’était pas sans une certaine joie qu’il se livrait à cette sélection de bibelots et de livres ; son affection éparse sur des bibliothèques entières et sur des pièces, se concentrait, en se reportant sur les rares objets qu’il s’apprêtait à conserver ; il