au bout du jardin, près de la grille, il aperçut des haies de chardons magnifiques et des buissons de houx, truités sur leurs feuilles d’un vert métallique de larmes jaunes pareilles à des gouttes de foie de soufre. Et la vue de ces arbustes l’arrêta, car, griffés et contournés tels que des arabesques de vieux fer, volutés de jambages et de crochets, ainsi que les lettres gothiques des anciennes chartes ils lui rappelaient certaines gravures allemandes de la fin du quinzième siècle dont les allures héraldiques le faisaient rêver.
Le grincement du treuil mis en branle au-dessus du puits le tira de ses réflexions. Il remarqua, au travers du tamis des feuilles, la tante Norine en sabots, qui tournait furieusement la manivelle.
— Quoi donc que tu dis, mon neveu, que le puits est tari, cria-t-elle, du plus loin qu’elle l’entrevit ; as pas peur, va, il y a encore de l’eau assez pour en neyer de plus grands que toi ; tiens, regarde, — et d’un bras de fer, elle attira l’énorme seau, plein d’une eau froide et bleue, dans laquelle remua la poulie réverbérée du puits.
Et elle lui expliqua comment il devait s’y prendre. Il fallait descendre avec précaution le seau, mais arrivé au terme de la corde, il fallait le lâcher d’un petit coup sec pour qu’il plongeât et ne surnageât point.