Page:Huysmans - En rade.djvu/169

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les doigts tremblaient, en même temps que les dents entre la haie desquelles sourdaient des hoquets et des râles.

Il songea tout à coup au remède des prurigos, au savon noir, descendit quatre à quatre, courut chez Norine, poussa la fenêtre mal jointe, entra, finit par découvrir du savon dans une terrine et, revenant, il en frotta, malgré ses cris, à tour de bras sa femme, puis s’enduisit furieusement de cet écrasis gras. Il eut la sensation qu’on lui enfonçait des milliers d’épingles par tout le corps, mais ces traits aigus, cette douleur franche, lui semblèrent délicieux, en comparaison de ces ardeurs équivoques, de ces lancinements nomades, de ces grouillis exaspérants de gale.

Et Louise se calmait aussi, mais le savon noir n’était pas assez véhément pour exterminer les aoûtats ; ils songèrent à les déloger avec des pointes d’aiguilles, à les extirper des galeries qu’ils creusent, mais il y en avait tant que cette chasse sous-cutanée devenait impossible. Il faudrait du soufre, de la pommade d’Emmerich, des bains de barège, se disait Jacques, désespéré.

Et la tante Norine et l’oncle les contemplèrent, le soir, retenant leurs rires, surpris que les Parisiens eussent la peau si tendre.

— Mais quoi que t’as, je te le demande, criait