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Page:Huysmans - En rade.djvu/224

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Depuis tant qu’hier, elle gueule, qu’elle nous empêche tout dormage. Il n’y a pas ; va falloir qu’on la ramène au robin.

Et, répondant aux questions de Jacques, elle expliqua que la Barrée était une vache difficile à remplir. Presque toujours il fallait recourir au taureau et c’était ennuyeux car cela les faisait mal venir du berger qui n’aimait point qu’on lassât sa bête.

— Et puis que toi tu n’y mets pas ben la main sur le dos au moment que le robin la monte, si tant qu’avec son échine d’âne ça l’empêche de prendre, cria l’oncle Antoine qui apparut, furieux, tirant avec une corde sur la vache dont la tête beuglait en jetant, de tous les côtés, des coups de cornes.

— Ben vrai, que t’as une jolie dégaine à parler comme ça, mon homme ! puisque t’es si malin, vas-y donc, toi, chez François, t’y mettras la main sur le dos à ta vache, pour voir !

Le vieux haussa les épaules. — Sûr que j’y vas, dit-il. — Tiens, v’là pour toi, sale carne et il appliqua avec le manche de son fouet un solide horion sur le crâne de la bête qui s’ébroua.

Jacques l’accompagna ; ils descendirent lentement le chemin du Feu.

— Nous avons de l’avance, fit l’oncle ; le berger,