Aller au contenu

Page:Huysmans - En rade.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tout à coup, le vieux toussa, puis se plaignit de la difficulté qu’il éprouvait à gagner de l’argent ; après ses lamentations coutumières, il toussa encore et ajouta : Si seulement ceux qui vous doivent, ils tardaient pas à vous rendre, on aurait tout de même belle d’être heureux !

Jacques ne répondant pas, il appuya : J’aurais tant seulement trente francs qui me reviennent que ça me ferait ben plaisir !

— Vous les aurez demain, mon oncle, fit Jacques ; votre moitié de feuillette vous sera payée, soyez-en sûr.

— Sans doute… sans doute… mais avec les intérêts qu’on m’aurait donnés à Provins si je leur y avais porté la somme ?

— Avec les intérêts.

— Ben, ben, ben, t’es un vrai homme !

Jacques ruminait tout seul. — L’argent arrivera demain sans faute ; Moran a touché les sommes qui me sont dues avant-hier. En payant, ainsi qu’il a été convenu, les termes arriérés et en désintéressant les plus opiniâtres des créanciers, il a pu arrêter la saisie qui me menaçait. C’est une halte. Il doit me revenir à peu près trois cents francs ; j’ai assez, conclut-il, pour me liquider ici et pour, dans trois ou quatre jours, prendre avec Louise l’express de Belfort.