Page:Huysmans - En rade.djvu/234

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la passion charnelle illusionne et fait du corps de la femme l’instrument de si redondantes joies que la misère de ses rebuts s’efface.

Avec Louise, malade et lasse, inquiète et froide, aucun désir n’était plus possible ; la tare originelle de la femme restait seule, sans compensation d’aucune sorte.

— Ce séjour à Lourps aura vraiment eu de bien heureuses conséquences ; il nous aura mutuellement initiés à l’abomination de nos âmes et de nos corps ! se dit-il amèrement. Ah ! Louise me décourage !

— Eh ben, tu ne parles plus, mon neveu ? fit l’oncle.

Jacques regarda ; il avait, sans y prendre garde, atteint la porte du château.

— Bonsoir, l’oncle, — je vous verrai demain ; — il monta l’escalier et rejoignit sa femme en larmes.

— Voyons, qu’y a-t-il ? — Et il apprit que la tante Norine avait perdu toute retenue, alors que sa nièce l’avait priée de lui prêter des draps. Elle s’y était refusée, disant qu’elle, elle ne changeait pas de draps, que d’ailleurs les siens étaient neufs, et qu’il pouvait y avoir chez des Parisiens des causes qui empoisonnaient le linge. Puis elle avait en même temps réclamé l’argent de la feuillette et