Page:Huysmans - En rade.djvu/252

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Il se leva et tira de la poche de sa blouse une longue bourse.

Le vieux, sachant que j’avais touché de l’argent, a tout prévu, se dit Jacques.

L’oncle rendit la monnaie, pièce à pièce, retenant chacune entre ses doigts, grommelant : c’est de la bonne or que je vous donne, cachant mal une satisfaction presque narquoise, car il venait de duper, une fois de plus, les Parisiens, en faisant courir les intérêts de l’argent, non pas du jour où il avait payé le marchand, mais bien du jour où il avait commandé la feuillette.

— C’est-il ben ton compte ?

— Oui, mon oncle.

— Mais, mon cher garçon, si vous partez, va falloir qu’on attelle la bourrique.

— Dame, vous me rendriez service.

— Mais oui… mais oui, mais c’est point comme ça qu’on se quitte ; faut que vous veniez manger un morceau chez nous.

— Mon déjeuner est prêt, dit Louise.

— V’là-t-il pas ! je vas l’emporter, nous le mangerons alors ensemble.

Louise consulta son mari d’un regard.

— Soit ! dit celui-ci, vous avez raison, mon oncle, c’est bien le moins qu’avant de nous séparer nous trinquions ensemble.