Page:Huysmans - En rade.djvu/253

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L’oncle voulut à toute force porter le panier dans lequel étaient entassées les provisions. Il avait réfléchi qu’il pourrait avoir besoin de sa nièce à Paris, et débarquer chez elle et se faire goberger, alors qu’il irait à la Chandeleur pour régler des comptes.

— Ils s’en vont ! s’écria-t-il, en entrant chez lui.

Norine en laissa tomber de saisissement la poêle.

— Ah ben c’étant ! — Et elle s’arracha une larme ; puis craignant d’être surtout rabrouée par sa nièce dont la mine méprisante l’inquiéta, elle tendit ses longs bras secs du côté de Jacques et, automatiquement, le baisa sur les deux joues.

— Eh là ! quoi donc faire ? v’là-t-il pas une nouvelle ! moi qui disais comme ça, faudra pourtant que je leur fasse des tortiaux, t’entends ben, mon neveu, des crêpes sautées dans la poêle, il y a rien de meilleur ! c’est-il donc malheureux ! Ah ! il est ben temps, que je compte, maintenant que les v’là loin !

Elle bredouilla, en apprêtant la table : ça va nous sembler vide ici — et elle pleurnicha en rinçant les verres.

— Mais que vous reviendrez vers nous, l’an prochain ?

— Certainement.