Page:Huysmans - En rade.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

coin, là, mais une peur de l’inconnu, une terreur de nerfs exaspérés par des bruits inquiétants dans un désert noir.

Il tenta de se raisonner, se moqua, sans y réussir, de cette défaillance, en s’imaginant le château hanté, allant du coup aux idées les plus impossibles, les plus romanesques, les plus folles, exprès pour se rassurer, en se démontrant d’une façon péremptoire l’inanité de ses craintes. Quoi qu’il fît, son trouble s’accentuait. Il le refoula pourtant, durant une minute, par la vision qu’il se suggéra d’un péril immédiat, d’une lutte corps à corps, subite ; il entra dans le couloir, le fouilla fiévreusement, jurant de colère, voulant à tout prix découvrir pour se sauver de la peur un danger vrai.

Découragé, il se décidait à remonter quand un bruit d’orage retentit soudainement au-dessus de sa tête dans l’escalier ; il s’avança. En l’air quelque chose d’énorme emplissait, en la ventilant, la cage.

La bougie, comme secouée par une bourrasque, coucha sa flamme, dardant d’âcres jets de fumée, éclairant à peine ; il n’eut que le temps de se reculer, de s’arc-bouter sur une jambe, de cingler à toute volée, de sa canne d’épine dure à côtes, la masse tourbillonnante qui s’affaissa dans un cri strident.