Page:Huysmans - En rade.djvu/55

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d’un milieu imaginairement analogue des sensations semblables à celles qu’il avait subies, dans le château, la veille, il rougissait de ses appréhensions, s’indignait de ses malaises et de ses transes.

Ce vague sentiment de honte qu’il avait éprouvé, en entrant tout à l’heure sous la futaie, et en songeant aux événements de la nuit, se décidait ; alors qu’il respirait à pleins poumons, au soleil, il n’admettait plus comme sous les arceaux glacés du lierre, ces involontaires frissons qui lui avaient, dans le château, sillé l’échine. Il tenta de détourner sa mémoire de cette piste, de la jeter dans une voie de traverse loin de la campagne, loin du château de Lourps ; quand même, elle revint à sa vie présente, sautant par-dessus les années d’enfance qu’il évoquait, par-dessus Paris dont il s’ingéniait à se suggérer l’image, par-dessus même ses ennuis d’argent qu’il appelait à l’aide.

Il haussa les épaules, comprenant que sa pensée ne s’égarerait pas, qu’elle ne pourrait, malgré tous ses efforts, s’éloigner de cette impérieuse veille ; alors il s’efforça de la faire au moins dévier de ses transes, de la conduire et de la fixer sur les seuls événements de la nuit dont la récurrence ne lui fût pas odieuse. Il ferma les yeux pour mieux s’abstraire et songer de nouveau à cet étonnant