Page:Huysmans - En rade.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment à bien vêler ; l’accouchement avait été des plus simples et le veau était né viable ; en même temps que leur inquiétude pécuniaire, leur tendresse avait pris fin.

Il ne s’agissait plus maintenant que de se reposer, en buvant un verre.

Ils rentrèrent dans la cahute et Norine sortit de l’armoire la bouteille à potion qui contenait de l’eau-de-vie et elle emplit les verres ; tout le monde trinqua et les vida d’un coup.

Puis Antoine se prit à causer avec le berger des délivrances, célèbres dans le pays, de certaines vaches.

— Dis-y donc au neveu, François, combien qu’il a fallu d’hommes pour faire vêler la vache à Constant ?

— Oh ! monsieur, fit le berger, en se tournant vers Jacques, il en a fallu huit, et des hommes qu’avaient du sang, allez ! — ah ! je peux dire que j’ai été outré de sueur, ce jour-là ! Oui, mon cher monsieur, j’ai dû, sauf votre respect, enfoncer mon bras dans le trou du cul de la bête, pour y tournibuler le veau et le faire descendre par la naissance ; et, c’est pas pour dire, mais il y a là, comme séparation, une peau qu’est ben vétilleuse !

— Aussi, dit le père Antoine, t’es recommandé