Page:Huysmans - En rade.djvu/81

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maintenant riche. Ah ! c’est que c’était là un bon métier ! — Tiens, il achète un taureau de deux ans quatre cents francs et il le revend six quand il a quatre ans : et pendant ce temps-là, son robin qu’est le seul dans le village, lui fait des rentes !

Et il énuméra le profit : deux francs par tête de vache, l’an, — puis un boisseau de blé et de seigle, des œufs à la Pâques, un fromage mou, quand la vache vêle, du vin à la vendange ; et quoi qu’il a à faire, je te le demande, à entretenir son robin pour qu’il soit toujours vif, à conduire le bestial du village dans le pré et à soigner ses bobos quand il en a. — Ah ! oui, c’est un bon métier reprit le vieux, en réfléchissant, François a maintenant sa suffisance…

— Mais combien y a-t-il de vaches à Jutigny ?

— Ben, je compte qu’il y en a pour l’heure deux cent vingt-cinq.

— Et d’habitants ?

— Ça va vers les quatre cents, mon garçon.

Il y eut un temps de silence. Louise et Norine revinrent de l’étable où la jeune femme s’était aventurée, afin de voir le veau.

Si tu savais comme il est gentil, dit-elle à son mari ; crois-tu, il boit dans un verre !

— Oui, en y ouvrant la gueule de force et il