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Page:Huysmans - En rade.djvu/87

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de l’avenue, sur le chemin de Longueville, à cinq heures du soir.

— Ce sera commode, fit observer le jeune homme. Lorsqu’il pleuvra, nous mangerons de la mie de pain détrempée, de la panade.

— Nous achèterons un panier sur le couvercle duquel on mettra des pierres.

— Mais voyons, l’oncle Antoine mange aussi du pain. Que diable ! il pourrait bien acheter le nôtre avec le sien !

— Tu n’en voudrais pas. Norine rapporte plusieurs pains à la fois, si bien qu’au bout de cinq ou six jours, c’est de la pierre. Tu en sais quelque chose du reste !

Jacques eut un geste de découragement.

— Quant au vin, poursuivit-elle, nous devrons en faire venir une feuillette de Bray-sur-Seine ; l’oncle, dont la récolte a été maigre l’an dernier, s’offre d’ailleurs, si nous en avons de trop, à nous reprendre une moitié de la feuillette.

— Et elle coûtera, cette feuillette ?

— Une soixantaine de francs.

Jacques soupira.

— Ah çà ! mais, qu’est-ce qu’il chantait ton oncle, lorsqu’il assurait que nous trouverions tout ici en abondance ?

— Il ne savait pas. Il s’imaginait probablement