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Page:Huysmans - En rade.djvu/88

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que nous vivrions, ainsi que lui, d’un peu de pommes de terre et de fruits.

— Le plus clair de tout cela, c’est qu’il va falloir, chaque jour et quelque temps qu’il fasse, trotter pendant deux lieues dans la campagne, pour trouver une côtelette et du fromage. — Mais enfin, et Jutigny ? et Longueville ? il n’y a donc pas de commerçants dans ces trous-là ?

— Non, c’est Savin qui les dessert. — J’espère cependant, reprit-elle, que nous finirons par nous organiser, car la sœur d’Antoine, la vieille Armandine, connaît à Savin une famille pauvre dont la petite fille ne va pas à l’école pour l’instant ; moyennant un prix à débattre, on enverrait l’enfant chaque matin ici ; nous lui donnerions les commissions et elle les rapporterait, après son déjeuner, dans l’après-midi.

Jacques commençait à croire que les économies réalisées à la campagne étaient un leurre et que la solitude, si séduisante à évoquer lorsqu’on réside en plein Paris, devient insupportable quand on la subit, loin de tout, sans domestique et sans voiture.

Et il passait en revue les inconvénients déjà découverts de ce château : voisinage menaçant de bêtes et d’hommes ; humidité glaciale ; manque de confortable et disette d’eau ; puis encore certains