Aller au contenu

Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souffrant à Notre-Dame de l’Atre et néanmoins, si je suis à peu près sur pied, après-demain, j’irai quand même.

À défaut d’amour, c’est la seule preuve que je puisse vous fournir que vraiment je vous désire, que vraiment j’espère et que je crois en vous ; mais alors, Seigneur, assistez-moi !

Et, mélancoliquement, il ajouta : ah ! dame, je ne suis pas Lydwine ou Catherine Emmerich qui, lorsque vous les frappiez, criaient : encore ! — vous me touchez à peine et je réclame ; mais que voulez-vous, vous le savez mieux que moi, la douleur physique m’abat, me désespère !

Il finit par s’endormir, par tuer la journée dans son lit, sommeillant, se réveillant en sursaut d’affreux cauchemars.

Le lendemain, il avait la tête vague, le cœur chancelant, mais les névralgies étaient moins fortes. Il se leva, se dit que, bien qu’il n’eût pas faim, il fallait à tout prix manger, de peur de voir se raviver ses maux. Il sortit, erra dans le Luxembourg, se disant : il s’agit de régler l’emploi de notre temps ; je visiterai après le déjeuner Saint-Séverin, je rentrerai ensuite chez moi pour préparer mes malles ; après quoi je finirai la journée à Notre-Dame des Victoires.

La promenade le remit ; la tête était plus dégagée et le cœur libre. Il entra dans un restaurant où, à cause de l’heure matinale, rien n’était prêt ; il s’usa devant un journal sur une banquette. Ce qu’il en avait tenu des journaux ainsi, sans jamais les lire ! que de soirs il s’était attardé dans des cafés, en pensant à autre chose, le nez sur un article ! C’était au temps sur-