Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/272

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ment merveilleuse d’âme que j’ai ressentie dans la chapelle et dans les bois !

L’idée que rien n’était commencé, que tout était à effectuer, l’effara ; il n’eut pas le courage d’avaler son pain ; il but une goutte de vin et, dans un vent de panique, il se rua dehors.

Il allait, affolé, à grands pas. — Se confesser ! le prieur ? qui était le prieur ? il cherchait vainement parmi les pères dont il se rappelait le visage celui qui allait l’entendre.

Mon Dieu, fit-il tout à coup, mais je ne sais même pas comment l’on se confesse !

Il chercha un coin désert où il pût se recueillir. Il arpentait alors, sans même savoir comment il y était venu, une allée de noyers que bordait un mur. Il y avait là des arbres énormes ; il se dissimula derrière le tronc de l’un d’eux et, assis sur la mousse, il feuilleta son paroissien, lut : « En arrivant au confessionnal, mettez-vous à genoux, faites le signe de la croix, demandez la bénédiction du prêtre en disant : Bénissez-moi, mon père, parce que j’ai péché ; récitez ensuite le Confiteor jusqu’à mea culpa… et…"

Il s’arrêta et sans même qu’il eût besoin de la sonder, sa vie bondit en des jets d’ordures.

Il recula, il y en avait tant, de toutes sortes, qu’il s’abîma dans le désespoir.

Puis il eut un effort de volonté, se reprit, voulut canaliser ces sources, les endiguer, les répartir pour s’y reconnaître, mais un affluent refoulait les autres, finissait par tout absorber, devenait le fleuve même.

Et ce péché se montrait d’abord simiesque et sour-