Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/323

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Ah ! c’était encore trop matériel ! Il n’eût fallu qu’un fluide, qu’un feu, qu’un parfum, qu’un souffle !

Et il chercha à s’expliquer le traitement que le Sauveur lui faisait suivre.

Toutes ses prévisions étaient retournées ; c’était l’absolution et non la communion qui avaient agi. Près du confesseur, il avait très nettement perçu la présence du Rédempteur ; tout son être avait été, en quelque sorte, injecté d’effluves divins et l’Eucharistie lui avait seulement apporté un tribut d’étouffement et de peine.

Il semblait que les deux Sacrements eussent substitué leurs effets, l’un à l’autre ; ils avaient manœuvré à rebours sur lui ; le Christ s’était rendu sensible à l’âme, avant et non après.

Mais c’est assez compréhensible, se dit-il, la grande question pour moi, c’était d’avoir la certitude absolue du pardon ; par une faveur spéciale, Jésus m’a ratifié ma foi dans le dictame de Pénitence. Pourquoi eût-il fait davantage ?

Et puis, quelles seraient alors les largesses qu’il réserverait à ses Saints ? non mais, je suis, tout de même, étonnant. Je voudrais être traité comme il traite certainement le frère Anaclet et le frère Siméon, c’est un comble !

J’ai obtenu plus que je ne méritais. Et cette réponse que j’eus, ce matin même ? bien oui, mais pourquoi tant d’avances pour aboutir subitement à ce recul ?

Et, en s’acheminant vers l’abbaye pour y manger son fromage et son pain, il se dit : mon tort envers Dieu, c’est de toujours raisonner, alors que je devrais tout bê-