Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/326

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Durtal avait terminé son déjeuner. Il se leva, craignant d’importuner le père par ses questions.

Un mot du moine lui trottait quand même dans la cervelle, ce mot que le prieur tenait l’emploi de médecin ; et, avant de sortir, il interrogea encore le P. Etienne.

— Non — le R. P. Maximin n’est pas médecin, mais il connaît très bien les simples et il a une petite pharmacie qui suffit, en somme, tant qu’on ne tombe pas gravement malade.

— Et dans ce cas-là ?

— Dans ce cas-là, on peut appeler le praticien d’une des villes les plus proches, mais on n’est jamais malade à ce point ici ; ou alors on approche de sa fin et la visite d’un docteur serait inutile…

— En somme le prieur soigne l’âme et le corps, à la Trappe.

Le moine approuva d’un signe de tête.

Durtal s’en fut se promener. Il espéra dissiper son étouffement par une longue marche.

Il s’engagea dans un chemin qu’il n’avait pas encore parcouru et il déboucha dans une clairière où se dressaient les ruines de l’ancien couvent, quelques pans de murs, des colonnes tronquées, des chapiteaux de style roman ; malheureusement, ces débris étaient dans un déplorable état, couverts de mousse, granités, rêches et troués, pareils à des pierres ponces.

Il continua sa route, aboutit à une longue allée, au-dessous de laquelle s’étendait un étang ; celui-là était cinq ou six fois grand comme le petit étang en forme de croix qu’il fréquentait.