Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/327

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Cette allée qui le surmontait était bordée de vieux chênes et, au milieu, s’érigeait, près d’un banc de bois, une statue de la Vierge, en fonte.

Il gémit, en la regardant. Le crime de l’Eglise le poursuivait, une fois de plus ; là, et même dans cette petite chapelle si pleine d’un relent divin, toutes les statues provenaient des bazars religieux de Paris ou de Lyon !

Il s’installa, en bas, près de l’étang dont les bords étaient ceinturés par des roseaux qu’entouraient des touffes d’osiers ; et il s’amusait à contempler les couleurs de ces arbustes, leurs feuilles d’un vert lisse, leurs tiges d’un jaune citron ou d’un rouge sang, à observer l’eau qui frisait, qui se mettait à bouillir sous un coup de vent. Et des martinets la rasaient, l’effleuraient du bout de leur aile, en détachaient des gouttes qui sautaient ainsi que des perles de vif argent. Et ces oiseaux remontaient, tournoyaient au-dessus, poussant les huit, huit, huit, de leurs cris, tandis que des libellules s’allumaient dans l’air qu’elles sabraient de flammes bleues.

Le pacifiant refuge ! pensait Durtal ; j’aurais dû m’y reposer plus tôt ; il s’assit sur un lit de mousse, et il s’intéressa à la vie sourde et active des eaux. C’était, par instants, le clapotis et l’éclair d’une carpe qui se retournait, en bondissant ; par d’autres, c’étaient de grands faucheux qui patinaient, à la surface, traçant de petits cercles, se cognant les uns sur les autres, s’arrêtant, puis refilant, en dessinant de nouveaux ronds ; et, par terre, alors, auprès de lui, Durtal voyait jaillir les sauterelles vertes au ventre vermillon, ou, grimpant à l’assaut des chênes, des colonies de ces bizarres insectes qui ont sur le dos une