Diable : attends, attends un peu, toi, et tu vas voir ! Il court chercher de l’eau bénite, en asperge, en priant, son troupeau et toutes les bêtes qui agonisaient se relèvent et gambadent, en remuant la queue.
Quant aux incursions diaboliques dans le couvent même, elles ne sont que trop réelles et, parfois, on ne les refoule qu’après de persistantes obsécrations et d’énergiques jeûnes : à certains moments, dans la plupart des abbayes, le Démon répand des semis de larves dont on ne sait comment se défaire. Ici, le père abbé, le prieur, tous ceux qui sont prêtres, ont échoué ; il a fallu, pour que les exorcismes fussent efficaces, que l’humble convers intervint ; aussi, en prévision de nouvelles attaques, a-t-il obtenu le droit de laver quand bon lui semble, avec de l’eau bénite et des oraisons, le monastère.
Il a le pouvoir de sentir le Malin là où il se cache et il le poursuit, le traque, finit par le jeter dehors.
Voici la porcherie, continua M. Bruno, en désignant en face de l’aile gauche du cloître une masure entourée de palissades et il ajouta :
— Je vous préviens, le vieux grunnit tel qu’un pourceau, mais il ne répondra, lui aussi, que par des signes à nos questions.
— Mais il peut parler à ses animaux.
— Oui, à eux seuls.
L’oblat poussa une petite porte et le convers, tout courbé, leva péniblement la tête.
— Bonjour, mon frère, dit M. Bruno, voici monsieur qui voudrait visiter vos élèves.
Il y eut un grognement de joie sur les lèvres du