Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/343

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« Dominus » et sur ce mot, qui l’autorise à converser, le frère montre ses lunettes et raconte qu’il ne voit plus clair.

Ce n’est pas bien surprenant, dit le prieur, voilà bientôt dix ans que vous portez les mêmes lunettes ; vos yeux ont pu s’affaiblir depuis ce temps ; ne vous inquiétez pas, nous trouverons le numéro qui convient maintenant à votre vue.

Tout en discourant, le P. Maximin remuait le verre des lunettes, machinalement, entre ses mains et soudain il rit, en me montrant ses doigts qui étaient devenus noirs. Il se détourne, prend un linge, achève de nettoyer les lunettes, et, les replaçant sur le nez du frère, il lui dit : voyez-vous, frère Siméon ?

Et le vieux, stupéfait, s’écrie : oui… j’y vois !

Mais ceci n’est qu’une des faces de ce brave homme. Une autre c’est l’amour de ses bêtes. Quand une truie va mettre bas, il sollicite la permission de passer la nuit auprès d’elle, il l’accouche, la soigne comme son enfant, pleure lorsqu’on vend les gorets ou qu’on expédie ses cochons à l’abattoir. Aussi ce que tous ces animaux l’adorent !

Vraiment, reprit l’oblat, après un silence, Dieu aime par-dessus tout les âmes simples, car il comble le frère Siméon de grâces. Seul, ici, il possède le don de commandement sur les Esprits et peut résorber et même prévenir les accidents démoniaques qui surgissent dans les cloîtres. — L’on assiste alors à des actes étranges : un beau matin, tous les porcs tombent sur le flanc ; ils sont malades et sur le point de crever.

Siméon, qui connaît l’origine de ces maux, crie au